APPARITION OU FRUIT DÉFENDU
(code recherche : DIVAMI) (code recherche : SOUPOL)
Bonjour,
Je m’appelle Boulette, je suis un demi-griffon. En 1965, j’habitais chemin de l’hippodrome à Pirae, Tahiti. Je partageais ce fare (maison) avec un humain nommé Pierre.
Malgré quelques copines de passage, je m’ennuyais ferme. Pierre passait ces journées, je ne sais où et ne rentrait que pour manger et dormir. Mon seul loisir était de jouer avec mon copain chat.
Mon colocataire Pierre s’ennuie quand il reste au fare, il joue lui aussi avec le chat en écoutant le bruit qui sort d’un machin sur lequel il a posé un morceau de plastic noir, plat et rond ou alors il regarde avec beaucoup d’attention un paquet de papier avec de petits dessins noirs.
Ils ont de drôle de distraction, ces humains !
Un jour de début mai 1965, alors que je faisais une sieste bien méritée sur la terrasse, j’aperçu une forme inhabituelle dans le uru de mon jardin (arbre à pain).
Mon devoir de gardien des lieux m’imposait de la chasser avec quelques aboiements. Mais ma curiosité fut la plus forte : Serait-ce une apparition ou un fruit défendu ?
C’était un visage d’humain. Comment, quelqu'un qui vient ramasser les fruits à mon insu (moi, ça m'est égal, j'ai horreur de cette nourriture, mais Pierre, il aime bien). Nous sommes restés un moment à nous regarder, puis elle descendit de l’arbre ; c’était une vahine (j'aime bien les vahine et j'ai cru comprendre que Pierre aussi).

Elle m’observa longuement d’un air sévère, je n’osais pas bouger...
Quelques minutes silencieuses passèrent et elle s'avança vers moi…
Elle me proposa une jeune honu (tortue de mer), mais je la refusais (beurk ! j’ai jamais mangé de la tortue). Ce qui eut l’air de lui déplaire.
Finalement j’acceptais la tortue et nous devînmes amis. Pierre trouva une grande bassine qu’il remplissait quotidiennement d’eau de mer pour la tortue. Il allait avec la vahine pêcher des ina’a et o’uma (alevin et petit barbillon) et cueillir des fleurs d’hibiscus chinois pour la nourrir.
Mon colocataire, toujours serviable, partagea son lit avec ma nouvelle amie. Je crois qu’ils s’entendaient bien.
De plus, elle s’occupait de moi, me nourrissait correctement et m’amenait baigner à la plage.
Quelques temps après notre « union » était consacrée ☺
Mon colocataire, possédant un véhicule à deux roues, se chargeait des déplacements de mon amie. Les voici ensemble au restaurant Belvédère où elle travaillait.
J’espère que le jour où je ne serai plus parmi eux, Pierre continuera à s’occuper de mon amie Maiarii.

Boulette