MÉMOIRES D'OUTRE-MER (1)
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Le titre de l'article n'a rien à voir avec les "Mémoires d'outre-tombe" de Chateaubriand. Il aura mis 32 ans pour écrire ses 12 volumes, je vais essayer d'être plus rapide. Toutefois les quatre parties de son œuvre m'intéressent :
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livres 1 à 12, carrière de soldat et de voyageur ; (lire mon "Service militaire 1 à 14" )
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livres 13 à 18, carrière littéraire ; (pour moi, bricolage dans le privé)
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livres 19 à 34, carrière politique ; (bricolage dans le public)
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livres 35 à 42, retraçant la fin de sa vie. (enfin la liberté d'expression)
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Ah là là ! Qu'est ce que ça pouvait être fiu* d'écrire...
Mais maintenant, je suis bien content de relire ces lettres que ma mère avait soigneusement conservées, avec leur enveloppe. Elle ne m'en avait jamais parlé, ni pendant les trois mois qu'elle a passé à Tahiti en 1973, ni pendant mes passages chez elle à Montpellier en 1981, 1984 et 1985. Ce n'est qu'en 1987, après son décès que mon frère m'a remis une boite à chaussures contenant "mon histoire".
" VERBA VOLANT, SCRIPTA MANENT" Les paroles s'envolent, les écrits restent.
* fiu : fastidieux
I - Le CEP vu par un civil
Vers les derniers jours d'armée, l'officier de sécurité de la légion me convoque. Il me dit ceci : "Lorsqu'un militaire décide de ne pas rengager et souhaite quitter l'armée, je dois le convoquer pour le convaincre de rester. Donc je te lis le texte - ... une grande famille... le devoir... la patrie... etc., etc. ... - voilà à toi de décider. Mais je te connais bien et je sais que tu n'es pas vraiment dans ton élément, je pense que tu pourras faire beaucoup mieux dans le civil et que tu progresseras. Je te souhaite de réussir."
Je suis certain qu'il le pensait vraiment.
Donc fin 1966, j’ai demandé ma libération sur place dans les délais et j’ai eu un contrat de travail au CEP et au même poste que j’occupais comme militaire à la Direction du Matériel, sis à Arue.
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Je reprends comme précédemment les lettres écrites à ma mère. Je dois vous avouer que c'est toujours difficile de relire ces lettres vieilles de près de 50 ans ; c'est très émouvant...
Je passe rapidement sur les explications de mon nouveau travail, à peu près le même avec des responsabilités supplémentaires. J'écris :
Le 23/101966 "c'est parfois difficile... faut voir le rendement, je tiens une forme terrible. Souvent je quitte le bureau, je me mets en bleu et je vais fouiller dans les moteurs ou sous les engins pour vérifier des pièces. Enfin le genre de travail qui me plait..."

le 25/10/1966 "... que pourrai-je demander de plus ? (si ! une chose qu'on autorise la vente de la pilule)"
le 22/11/1966 (petite note qui plaira à mes anciens chefs) "...Vraiment le Génie est une spécialité très intéressante et je ne regrette pas d'avoir fait 5 ans dans cette arme."
le 13/12/1966 "... Bien sur, j'ai l'intention de me marier un jour, car le concubinage n'est pas une bonne solution : on a tous les inconvénients du mariage et pas les avantages (depuis, je me suis aperçu que c'était l'inverse ☻ ), mais peut-être pas avec une tahitienne.... Autrement elles sont charmantes, elles aiment rire, chanter, danser et sont de vrai "boute-en-train". A moins que je trouve l'exception..."
"... Le Jean Gougaud, décédé accidentellement, est bien mon camarade "Marius" (depuis la 7ème au lycée, tu te souviens ?), c'est très triste, avec lui disparait une partie de ma jeunesse ; c'est drôle comme le passé s'estompe petit à petit pour finalement s'effacer complètement... " (Puis à 70 ans, ce passé revient en force).
Le 10/01/1967 "... J'en ai long à te raconter sur mon voyage à RAIATEA (Îles-sous-le-vent), 2ème île par importance et nombre d'habitants (3 à 4 mille) de la Polynésie Française. Elle est desservie par goélettes et par un DC4 (avion) journalier qui va jusqu'à Bora-Bora (l'île des touristes américains et artistes de cinéma). La ville principale est Uturoa : une vingtaine de boutique de "chinois" et quelques bâtiments publics répartis le long de la route (ça me rappelle un peu le genre de village dans les films de "cow-boy"). A 2 km, l'aéroport (la piste et une maison en feuille de cocotier), 2 km plus loin, au bord du lagon, la maison familiale où j'ai passé mes 3 jours. De là on voit en face "TAHAA" (île jumelle entourée du même récif que RAIATEA), au loin à gauche BORA-BORA, au loin à droite HUAHINE.
Maintenant, je te présente la famille que tu pourras retrouver dans la série de photos que je t'enverrai... (je passe sur la description, très sympathique, des parents, des 14 enfants, des 2 petits-enfants)... et un grand nombre d'oncles, tantes, cousins, cousines qui sont venus nous souhaiter la bonne année.
Ne crois surtout pas que j'oublie ma famille pour une autre... (pourtant, c'est bien ma nouvelle famille ♥ )
J'avais commencé ce texte début 2013, après en avoir terminé avec mes souvenirs du "Service Militaire". Toutefois, j'ai suspendu mon travail car je n'osais pas publier l'anecdote suivante. Pourtant, elle me paraissait importante pour comprendre les préjugés que peuvent avoir certaines personnes. Elles portent des jugements sur des actes qu'elles ne comprennent pas et des gens qu'elles ne connaissent pas.
Venons-en à cette anecdote : ma mère m'apprend que des étudiants tahitiens ont manifesté à Montpellier ; n'y comprenant rien, elle me demande de quoi il s'agit. De mon côté, même chose, je ne vois pas du tout de quoi il est question et je me renseigne auprès de mes collègues de travail (des officiers, des épouses de militaire, et quelques tahitiennes de la bonne bourgeoisie locale). Naïvement, je reporte ces explications à ma mère.
Le 26/12/1966 "A propos des étudiants de Tahiti, tu pourras leur dire que si l'armée n'était pas venue, ils ne seraient pas étudiants à Montpellier mais manœuvre ou pêcheur à Tahiti. Quoique la plupart de ces gens ne sont que des demi-tahitiens, je comprends qu'ils nous aiment pas car avant notre venue, c'était eux les maîtres."
Ces étudiants sont, depuis, devenus mes amis ; j'espère qu'ils ne m'en voudront pas d'avoir rapporté cette anecdote.
Dés que j’ai été civil les relations avec certains (et surtout certaines) se sont détériorées et, quelques temps après, j’ai demandé mon changement de poste à l’entrepôt du matériel, toujours à Arue. Je me suis donc retrouvé, pratiquement « petit-chef », avec des légionnaires, des « génie », des « matériel » et, surtout, une bonne équipe de polynésiens (Mati, Oldham, Biesse, Pahero et les autres... le bonjour, si vous êtes encore parmi nous)
Le 29/03/1967 "... Pour l'avenir... en vérité, j'en ai marre de Tahiti, le pays est pourri à tous les échelons de la société... RAIATEA est surement l'île la plus intéressante, pour y séjourner, de la Polynésie française..."
à suivre... si j'en trouve le courage !
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Pour ceux qui sont intéressés par mes souvenirs (eh oui ! il y en a...).
14 épisodes dont voici le lien du premier :
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LE SERVICE MILITAIRE (1) - TE HOA NO TE NUNAA
Service militaire en France La conscription en France remonte à la Révolution française avec la Garde Nationale et la " levée en masse ". C'est la loi Jourdan-Delbrel qui l'institue en 1798. D'...
http://www.tehoanotenunaa.com/pages/LE_SERVICE_MILITAIRE_1-8718898.html
La suite de "MÉMOIRES D'OUTRE-MER" :
http://www.tehoanotenunaa.com/2015/03/memoires-d-outre-mer-2.html