MÉMOIRES D'OUTRE-MER (3)
(code recherche : SOUPOL)
Suite des "Mémoires d'Outre-mer".
Petit à petit, la mémoire ancienne remonte à la surface. Il semblerait que cela est normal quoique je n'ai rien trouvé à ce sujet dans le long et incompréhensible texte de Wikipedia au sujet de la " Mémoire "
Bien sur, les lettres que j'avais écrites à ma mère, me sont très utiles pour me rappeler quelques situations spécifiques de cette période.
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I - La pêche, le temps passe si vite...
Nous sommes début 1968 et tout va pour le mieux. Je travaille toujours à l'entrepôt du matériel du CEP à Arue. L'ambiance est bonne et grâce à mes nouveaux amis tahitiens, nous prendrons quelques initiatives heureuses ; Par exemple, empêcher que les deux énormes groupes électrogènes restants subissent le même sort que les deux premiers et ne soient pas immergés ; ils continueront leur carrière lumineuse à Taravao (presqu'île) qui, jusqu'alors, n'avait pas d'électricité.
Ma compagne, Eugénie Maiarii (prénoms) travaille au mess sous-officiers à Taaone (Pirae) et c'est bien intégrée dans ce nouveau genre de travail pour elle.
J'écris à ma mère :
le 22/01/1968 - "... Je reprends ma lettre aujourd'hui 6 mars. Comment ai-je pu rester tant de temps sans écrire. Je ne sais pas, le temps passe à une vitesse incroyable. Il me semble qu'il y a quelques mois, je débarquais à Tahiti pour la première fois et, pourtant, bientôt 5 ans. Déjà 27 ans, bientôt 30, j'en ai des frissons... J'ai acheté un bateau en meilleur état, avec un moteur Mercury 20 cv. Inutile de te dire que je suis souvent à la pêche sur le lagon ou en mer."

J'ai toujours aimé "pêcher" ☺
Le 28/04/1968 - "... Puis pour Pâques, beau temps, mer calme : samedi après-midi, pêche aux coquillages ; dimanche matin, balade jusqu'à la rade de Papeete et baignades ; dimanche après-midi, pêche à la ligne ; le soir, filet sur la plage devant la maison ; lundi matin, pêche aux coquillages (deux seaux d'escargots de mer [mâ'oa] pêchés par Eugénie*) ..."
Le 09/10/1968 - "... Comment vous expliquer que je n'écrive pas plus souvent ? Je crois qu'il faut avoir vécu longtemps dans ces régions tropicales pour comprendre. D'abord, on perd la notion du temps, il n'y a pas de saison, les jours se déroulent toujours identiquement : on se lève, on travaille, on mange, on pêche, on se balade, on lit, on regarde la télé, on dort (*)... Quant une semaine s'est écoulée, le lundi on dirait que c'est la même qui recommence, comme si on tournait en rond..."
* je ne parle pas à ma mère des vahine, mais elle doit s'en douter.
Le 25/03/1969 - "... Eugénie travaille dans un restaurant en montagne* (600 mètres d'altitude, le climat te plairait!), tous les soirs je soupe là-haut, je donne un coup de main et nous redescendons vers 10 heures. Le bar-restaurant** d'un copain a brulé ainsi que son atelier et son logement. Je l'ai donc logé chez moi avec sa vahine jusqu'à ce qu'il touche l'assurance et son départ à Nouméa. Cela fait une occupation de plus, discussions à n'en plus finir (c'est un niçois), musique classique, Brassens, etc..."
* le Belvédère de Maurice Brichet
** le Tamoure de Roger Pellegrin
II - Fini le CEP...
Nous sommes en juillet 1969, déjà 14 essais nucléaires. Travailler pour essayer des bombes ne me plaisait pas beaucoup, mais là je commence à comprendre ce qu'est une bombe atomique et la radioactivité. Les accrochages avec le lieutenant qui a remplacé mon vieil ami adjudant-chef, sont de plus en plus fréquents.
Profitant de l'opportunité qui m'est proposée de prendre la gérance d'un snack dans le nouveau marché de Pirae, je démissionne. L'affaire est traitée dans de bonnes conditions avec le nouveau maire de Pirae, Gaston Flosse. Par contre, les relations avec mon associé, pâtissier à domicile, se détérioreront rapidement et quelques temps après, avec l'accord du maire, je passerai le relai à un ami, plus professionnel que moi.
Le 12/01/1970 - "... De toute façon, c'est provisoire, car j'ai l'intention de quitter Tahiti. J'avais cette idée depuis quelques temps car ici les activités ont beaucoup diminué, par contre le coût de la vie a sérieusement augmenté et les taxes et impôts pleuvent de tout les côtés. J'ai de suite pensé à la France, mais renseignements pris, il semblerait que la vie est très dure là-bas en ce moment et dans la région il n'y a pas tellement de débouché. Alors j'ai pensé à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) : Pays en plein essor.... Déjà beaucoup de tahitiens partent travailler là-bas. Je n'avais pas encore pris de contact, mais le copain qui était parti à Nouméa .... a lancé une entreprise d'enseignes lumineuses et de ferronnerie, ça dépasse ses espérances et il a besoin d'un second..."
Le 05/03/1970 - "Alors voilà, ici à Tahiti, j'ai à peu près tout réglé, nous prenons l'avion, Eugénie et moi, lundi 9 mars à 7h15... Nous avons eu 1 mois et demi de pluies continuelles... Enfin depuis 2 jours, il fait beau et j'ai mes billets d'avion dans la poche, donc le moral est au maximum...".
Adieu Tahiti, bonjour Nouméa...
à suivre...
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