La parole libérée

Le diktat des archipels ébrèche la
majorité
Le
2 octobre 2009 – source La Dépêche
Au cours d’une séance morne, débutée par les péripéties épistolaires de Lana Tetuanui, les élus des Te mana o te mau motu ont décidé de quitter la majorité. Dorénavant, ils siégeront sur les bancs de l’opposition, sans s’allier pour autant avec le Tahoera’a. Ce départ pourrait être suivi, si l’entente entre TTA et l’UDSP ne s’améliore pas.
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« Un pouvoir insurrectionnel s'est établi en Polynésie par un pronunciamiento . Ce pouvoir a une apparence : un quarteron de
représentants. Il a une réalité : un groupe d'élus, partisans, ambitieux et fanatiques. Ce groupe et ce quarteron possèdent un savoir-faire expéditif et limité. Mais ils ne voient et ne
comprennent le Pays et le monde que déformés à travers leur frénésie. Leur entreprise conduit tout droit à un désastre électoral. Voici le gouvernement bafoué, la Pays défié, notre majorité
ébranlée, notre prestige international abaissé, notre place et notre rôle dans le Pacifique compromis. Et par qui ? Hélas ! hélas ! hélas ! Par des hommes dont c'était le devoir, l'honneur, la
raison d'être de servir notre population. » (Citation d'un "inconnu")
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Ce que j’aime par-dessus tout, c’est la bonne grosse démocratie, cette légitime aspiration des peuples a n’être pas que
la variable d’ajustement des riches et des puissants, mais à exister, à vivre, à revendiquer et à beugler leur rage, leur frustration, leur profond sentiment d’injustice, surtout quand on leur
intime l’ordre de bien vouloir subir en silence, en fermant cette grande gueule prolétaire qui écorche les petites oreilles fragiles et sensibles de ceux qui excellent à ramper sur les moelleuses
moquettes de la République cent fois bafouée, cent fois reniée, cent fois utilisée, le caviar au bord des lèvres, pour justifier l’écrasement des plus pauvres, des plus petits d’entre nous.
Parfois, on nous demande fort civilement notre avis, juste histoire de vernir leurs grosses saloperies sous une fine couche de légitimité et de renoncement. C’est, le plus souvent, pour un choix
qui n’en est pas un : alors, tu préfères quoi, petit peuple ignare, la droite sévèrement burnée ou la gauche rose pâle, sachant que le gros de la différence tient à la qualité du lubrifiant dont on se servira par la suite pour singulièrement élargir ton
petit point de vue trop étroit pour appréhender la magnificence de cet ordre nouveau qui se fera malgré toi, sur toi et surtout, sans toi ?
Ou alors
on nous bourre le mou (et un peu les urnes, en passant) avec un choix tout pourri à une seule alternative : Ton Europe, tu la veux méchamment libérale ou totalement et libéralement
débridée ?
Prière de ne répondre que oui.
Alors, forcément, j’ai très très mal à ma démocratie ces derniers temps. Surtout qu’entre chaque branlette électorale, on en profite pour augmenter encore plus la dose de laxatif à nous prescrire
de force sur l’air bien connu et désespérément vide de sens du fameux : mais puisque c’est pour ton bien !
C’est donc pour notre bien qu’on coule la Sécu à grand renfort d’exonérations de cotisations sociales, qu’on crève l’école républicaine au demonte-pneu en virant toujours plus de profs et en
assurant, la main sur le cœur, que ça ne changera rien à la qualité de l’enseignement, qu’on assèche tout financement du secteur associatif, lequel pallie tant bien que mal aux divers dégagements
sociaux de l’État.
Mais
une belle lutte, une lutte démocratique, une lutte citoyenne, une consultation nationale, une votation, comme on dit au pays de la démocratie directe, où le petit peuple va enfin pouvoir reprendre sa démocratie en main, va enfin pouvoir répondre aux questions qu’on ne fait même plus semblant de lui
poser.
Alors oui, ça ne va servir probablement à rien dans notre République des autistes. Notre gouvernement va continuer à appliquer servilement la note de
route qui lui a été dictée par les puissants de ce monde, mais on s’en branle vigoureusement : quoi qu’ils disent, quoi
qu’ils fassent, il ne faut plus que ce soit en notre nom.