Charles IX et sa tournée royale (1)
La cour de
Catherine
Catherine, veuve depuis maintenant cinq longues années, assure la régence à la place de ses fils. François mort des
suites d'un abcès permanent situé derrière l'oreille n'aura "régné" qu'une seule année. Son remplaçant est Charles IX, âgé de 14 ans en cette année 1564.
Les caisses sont vides et selon la coutume en pareil cas... On s'amuse follement.
Des centaines de chevaux magnifiques, immeubles, écuries, palefreniers, écuyers, litières, voitures. La maison royale est une véritable caserne tant grouille une foule de serviteurs et
d'officiers.
Ses enfants étaient entourés de nains et de bouffons. Elle même avait les siens et s'amusait avec eux. Ces "jouets vivants" figuraient dans les comptes tenus par dame Claude. La naine préférée se nommait "Folle en pied", les autres avaient pour surnom "la More", "la Turque". Certains nains avaient le privilège risible de porter l'épée comme de valeureux chevaliers. Ils formaient une petite troupe dont le service était assuré par un gouverneur de la même taille qu'eux, le sieur de Bezons. Nains et naines avaient leur "maison" complète, avec tous les serviteurs auxquels avaient droit les gens de bonne lignée. Le sieur de Bezons était toujours suivi d'un chapelain, modèle réduit pour ne pas dépareiller la collection, au diable l'avarice, on leur payait même des précepteurs pour cultiver leur esprit et des apothicaires particuliers pour soigner leurs coliques. Enfin, ils étaient habillés par des tailleurs de talent qui leur confectionnaient des vêtements à leur taille aussi luxueux que ceux des princes, ornés de bijoux et de fourrures précieuses.
Catherine, dans les
fêtes de la cour, les tenait près d'elle. Elle couvrait ce petit monde de cadeaux, leur donnait un bel écu lorsqu'ils allaient à confesse, elle les mariait, les dotait et signait elle-même leur
contrat. Dans son parc d'attractions il y avait divers animaux, comme son perroquet et sa guenon qui ne la quittait pas, non plus que ses ours plus ou moins dressés, le nez percé et tenus en
laisse, ils faisaient partie de son escorte lorsqu'elle allait en voyage. Elle possédait également un lion et divers autres animaux. Elle achetait à prix d'or les plus brillants coursiers du
monde pour le plaisir de les posséder et de les monter.
Le Louvre était une ménagerie, les enfants eux même, perturbaient les conseils royaux en pénétrant dans les salles de réunion, déguisés et montés sur des ânes....
L'état du royaume
Le royaume est plongé dans une guerre fratricide entre les catholiques (La Ligue) et les protestants (Huguenots), chaque clan ayant le désir d'anéantir l'autre. Fort heureusement les parties
étant d'égale force, la régente, au gré des accords passés tantôt avec les uns, tantôt avec les autres, arrive à tenir dans le royaume un semblant de légitimité. Le pape exige de la Florentine
qu'elle interdise les prêches huguenots au profit des messes, s'il le faut par la force, d'ailleurs à cet effet, le roi d'Espagne menace les frontières sud, tandis que la partie adverse campe au
nord. Pour éviter la confrontation entre ses sujets, la régente compose comme bon lui semble, elle ménage la chèvre et le chou. La possibilité d'une union entre les maisons d'Espagne et de France
germe dans son esprit, elle a en réserve Margot qui ferait fort bien une reine d'Espagne, puis à défaut pour l'infante, le roi Charles IX lui même.
Propagande
monarchique et union nationale.
Afin d'affermir les positions du roi à travers le royaume, elle décide de le faire connaître à ses sujets. D'une pierre deux coups, elle gagnera les Pyrénées et y retrouvera les émissaires
Espagnols, puis, pour la tranquillité du voyage elle aura avec elle les deux représentants des partis opposés, à savoir le roi lui même pour la ligue et côté huguenot, le "petit Vendômet" (futur
Henri IV). Avec, bien sûr, l'enjeu du voyage, la déjà très belle Margot, petit bout de femme de 11 ans.
à suivre « Le voyage »