Histoires inter-îles
(code recherche : SOUPOL)
Réédition de 2009
Souvenirs, souvenirs… en attendant les ferries
Juste quelques lignes du bon vieux temps des grands voyages à Moorea par JMC.
(Photo Thierry Peltier)
Lorsque j’étais jeune, mes sœurs, cousines, copains et grand-mère avions pris le Tamarii Moorea pour passer quelques semaines de vacances chez les Tupuna (ancêtres) de Maatea. En ce temps là, le bateau allait jusqu’à Maatea sans problème parce qu’il ne mesurait qu’une dizaine de mètres de long et pouvait donc se faufiler à travers les pâtés de coraux sans ambages. Je ne sais pas combien de temps cela mettait pour aller à Moorea, mais cela prenait au moins la demi-journée, si ce n’était pas plus. Parce qu’en plus de la traversée Tahiti-Moorea, il fallait faire plusieurs escales avant d’arriver à Maatea.
Mais ce qui m’est resté gravé dans mon être c’est LA traversée Tahiti Moorea :
Ah que nous étions si contents de partir en bateau, ca va être chouette. Nous étions à l’avant, à l’arrière, partout sur le bateau. Mais lorsqu’il commença doucement, mais surement à tanguer et bien tanguer, instinctivement nous nous rapprochâmes de grand-mère, comme des poussins autour de maman poule. Et les vagues que le maaraamu (vent du sud) soulevait ressemblaient à des montagnes. Le moteur du bateau peinait lorsqu’il devait remonter une vague, on avait l’impression qu’il allait s’arrêter, puis il s’emballait lorsque le bateau descendait de la vague. Qu’en plus de créer des vagues, le maaramu voulait nous en mettre plein la figure. Alors les marins ont descendu les bâches pour nous en protéger, il n’y avait pas de fenêtres. Pendant que le bateau se ballotait, la mer s’engouffrait à travers les dalots, d’où on pouvait distinguer tantôt l’océan tantôt le ciel. Et les cochons et poulets attachés sur le pont se balançaient au grès des flots tout en hurlant. Et les mamas poussaient des "aue" (exclamation exprimant la peine) et lançaient des injures au capitaine qui, d’après elles, était saoul.
Et les odeurs ! de bière, de parfums des mamas, des fruits, les poulets, des cochons, des vomissements… il y avait de quoi être high.
Et nous, les mômes, dans cette hécatombe, pensaient que nous allions assurément finir dans les abimes de l’océan.
Pauvres passagers d’aujourd’hui qui prennent quotidiennement le ferry pour venir travailler à Tahiti (bateau, boulot, dodo) bien assis au chaud dans leur fauteuil douillet sans se rendre compte que le maraamu fait rage.
JMC
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Et les souvenirs de Taram N.L.
Quand ma chère et tendre compagne partait pour quelques jours à Raiatea dans sa famille, elle prenait le bateau... Je me souviens plus du nom, Temehani ou Tamarii Raiatea. Vers les 17 heures, je l’amenais en vespa au quai d’embarquement. Après nos « au revoir » et embrassades, je filais boire une Hinano au Vaima et ensuite un repas chez Diadème ou chez le petit restau chinois près du ciné Rex. Pour terminer en beauté ma soirée de célibataire, j’allais danser au Pitate…
Et là, surprise, qui je retrouvais sur la piste de danse, au bras d’un charmant cavalier ? Ma chère et tendre amie… "Aita pe'ape'a" (ça ne fait rien), nous nous retrouvions autour d’une table et elle m’expliquait que la goélette n’avait pas fini de charger et qu’elle partirait à minuit… (photo extraite du livre "De l'atome à l'autonomie" de Philippe Mazellier)
Concernant le retour de week-end à Moorea, l’aventure commençait vers 4 heures du lundi matin. Un truck faisait le tour de l’île pour récupérer les passagers. Il s’arrêtait chaque fois qu’il y avait une palme de cocotier posée en travers de la piste, pour embarquer les passagers ainsi que les bagages et caisses de bière. Souvent le passager, ivre-mort, devait être enlevé dans son fare par quelques costauds et déposé sur le plancher du truck. Arrivée à l’embarquement du Potii Moorea, tout ce beau monde s’installait dans le bateau, les plus

courageux montaient sur le toit et s’attachaient pour ne pas tomber dans la mer.
Et c’était parti pour l’aventure décrite par notre ami JMC, ci-dessus.
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Le père de ma charmante, pêcheur et agriculteur qui a élevé 15 gosses et une kyrielle de tamari’i ri’i (petits-enfants), ramassait les poissons de son parc à poissons le vendredi après-midi. Il embarquait le soir même sur le Temehani
avec son stock.
Nous le récupérions au quai de Papeete très tôt le samedi matin et l’amenions au marché. Après avoir vendu tous ses poissons, il passait le dimanche avec nous et rentrait à Raiatea en fin de journée par avion… avec 25.000 francs CFP en poche (ce qui représentait la paye d’un mois)
(photos omnibus des mers et embarquement goélette extraites de "Tahiti 17° Pacifique Sud")