JEAN ROSTAND
JEAN ROSTAND
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Pamphlétaire, moraliste, historien des sciences de la vie, biologiste, vulgarisateur scientifique, pacifiste, humaniste... Jean Rostand (1894-1977) fut tout cela. Ajoutons qu'il fut aussi libre penseur (et même président d'honneur de la Libre Pensée) et que, tout au long de son existence consacrée à la recherche de la vérité, il fit montre d'une honnêteté intellectuelle hors du commun et d'une exceptionnelle ouverture d'esprit. On peut considérer comme le plus grand sage du XXe siècle cet homme qui ne fit jamais preuve du moindre sectarisme.
Inquiétudes d'un biologiste
- Explosions nucléaires.
Les isotopes capitalistes et les isotopes marxistes voisinent à l'amiable dans le squelette de nos enfants.
- Les explosions nucléaires font pis que tuer ; elles préparent de la mauvaise vie ; elles mettent en circulation des gènes défectueux, qui vont proliférer indéfiniment.
Non seulement crime dans l'avenir, mais crime vivant, continué, qui s'entretient de lui-même.
- Cerveau humain : cette éponge toute prête à s’imbiber de tous les mensonges…
Pensées d’un biologiste
Certains esprits, et même qui admettent la réalité de l'évolution
organique, voient dans l'espèce humaine un chef-d’œuvre prémédité et de longue haleine. En dépit de son insignifiance pondérable, l'homme représente à leurs yeux bien autre chose qu'un simple
accident ou épisode du devenir ; le « roseau pensant » n'est pas seulement plus noble que « ce qui le tue », il en est la raison d'être et le but. Comme le poète Mallarmé disait que
l'univers est fait pour aboutir à un beau livre, de même ils tiennent que l'univers a existé dans sa totalité pour qu'à telle heure et en tel lieu apparût le fragile être humain... Mais il est
d'autres esprits qui voient les choses tout différemment. Ceux-là, malgré tout leur bon vouloir, ne parviennent à discerner dans la nature aucun souci de l'homme ; ils pensent que la vie a poussé
comme elle a pu, sans soins, sans protection, sans mystérieuse connivence avec le reste des choses ; ils pensent que, ni préparé ni
attendu, l'homme pour se maintenir a dû lutter durement contre un
milieu hostile ; ils pensent que rien n'avait prévu, que rien n'avait voulu le lourd et anfractueux cerveau de l'Homo sapiens et que, si les petits mammifères du tertiaire n'avaient pas
eu de goût pour les œufs des grands Sauriens, le règne animal n'aurait pas connu le même roi ; ils pensent que la pensée humaine, cette façon d'intruse, n'a pas plus d'importance dans l'inerte
cosmos que le chant des rainettes ou le bruit du vent dans les arbres ; ils pensent que l’intelligence n'a conquis la Terre que de haute lutte, parce qu'elle donne aussi la force, et que si
demain surgissait une espèce plus puissante ou mieux adaptée que la nôtre, c'est à elle que reviendrait de droit l'empire de la planète ; ils pensent que l'homme n'est que celui qu'il est, qu'il
n'incarne d'autre pensée que la sienne, qu'il ne vaut que pour lui, à proportion de ce qu'il se croit et se fait, qu'il n'a d'autres droits que ceux qu'il s'arroge, d'autres devoirs que ceux
qu'il s'impose, d'autre mission que celle qu'il s'assigne...
Merci Daniel Delcan pour ce site intéressant…