LA LOI NOUVELLE EST ARRIVÉE !
La réforme électorale pour la Polynésie adoptée à l'Assemblée nationale
Tahiti Presse - Publié le 30 juin 2011 à 10:07
----------o----------
Opahi Buillard nous écrit :
Indépendance bâillonnée, autonomie piétinée.
Voilà résumé en quatre mots le contenu d’une énième loi organique votée par des élus nationaux qui ne connaissent rien à la politique locale.
Estrosi nous avait, en son temps, promis une stabilité. On a tous vu ce que cela a donné. Aujourd’hui, Penchard croit définitivement régler le problème en verrouillant le dépôt d’une motion. Elle ouvre la porte de pandore en permettant à un gouvernement minoritaire de se maintenir au pouvoir ; L’exercice auquel s’est prêté Tong Sang durant une année l’a peut être inspiré. Par ailleurs, vous conviendrez qu’il s’agit là d’une conception novatrice de la démocratie : faire la part belle à la minorité !
Fini l’instabilité, vive l’immobilisme. Seul garde fou, une prime majoritaire à 33% et surtout un seuil à 12,5%. Une fois encore l’Etat s’enlise dans ses contradictions. Comment peut-il d’une part, appeler de tous ses vœux au renouvellement de la classe politique et d’autre part faire voter un seuil aussi élevé qui favorise les grosses formations politiques ? Vous connaissez des jeunes partis politiques qui dès leur première campagne arrivent à dépasser ce seuil ? Moi, pas. Nicole Bouteau et Teiva Manutahi pourraient vous en parler plus longuement. En réalité, derrière cet énième tripatouillage statutaire, la volonté est double, ce n’est pas Christine Lagarde qui dira le contraire : Eliminer Oscar Temaru et Gaston Flosse, puis reprendre les choses en main. Pour bâillonner Oscar Temaru, ils ont fait de Tahiti et Moorea une seule et même île ! Et comme cela ne suffisait pas, ils l’ont ensuite découpée en trois zones. Ce n’est pas tous les jours qu’on pond une idée pareille. Pour Flosse, après avoir fermé les yeux durant près de vingt ans, la justice a commencé le boulot. Et si cela ne suffit pas, la circonscription unique obligera tous ses héritiers à se regrouper pour faire barrage à l’UPLD, seule formation sortie indemne de cette instabilité. Le problème avec les « enfants de Flosse », c’est qu’ils portent en eux le gène de leur mentor : une soif de pouvoir que leur Ego nourri quotidiennement en leur chuchotant : c’est toi le meilleur. Comment expliquer autrement cette impossibilité à s’entendre entre-eux alors qu’ils ont travaillé main dans la main durant près de vingt ans.
Plus sérieusement, on ne peut que s’inquiéter de voir l’Etat reprendre la main sur des compétences jusque-là dévolues au pays. C’est une douche froide que viennent de prendre les fervents défenseurs de l’autonomie. Que leur faudra-t’il de plus pour qu’ils comprennent une bonne fois pour toute qu’ils ne sont, au regard de la France, que les pions d’une partie qui se joue à une autre échelle ?
Opahi BUILLARD