LE SERVICE MILITAIRE (11)
(code recherche : SOUMIL)
Travail, soirées en boite, balades en montagne, pêche, baignades,... Les copains, les copines, les collègues de travail, les services pour l'armée, les lettres pour ma mère,...
"L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule et nous passons !" (Lamartine)
(piste de l'Aorai)
XI - Océanisation d'un petit soldat
Je n'ai pas retrouvé mon ami d'enfance, Georges Trémoulet ; j'apprends par un ami commun qu'il est postier à Tubuai. C'est lui qui me retrouvera plus tard.
Ma mère m'envoie mes disques par petit colis ; dans quelques temps, j'aurai reconstitué ma discothèque à Tahiti.
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Je reprends comme précédemment les lettres écrites à ma mère.
Le 03/04/1965
"Chère maman,
... depuis le 1er avril, j'ai quitté mon bidonville et j'habite dans un joli "fare" (bungalow tahitien) tout neuf entre le camp et Papeete (en fait, une demi-lune du temps de l'armée américaine, sise chemin de l'hippodrome à Pirae)"
Le 24/04/1965
"... Dans une de tes lettres, tu me dis que je suis installé comme un bourgeois, c'est vrai sauf que je vis à la campagne et non dans une ville pleine de monde, de bruit et de véhicules..."
Le 2/05/1965
"... Le 30 (fête de la légion "Camerone"), j'ai gardé le stand jusqu'à la fermeture à 23 heures..."
(Oh, le menteur ! je suis allé danser aux "Tropiques", dancing en plein air entre Papeete et Faa'a, avec deux amis, José (à ce moment-là civil mais qui travaillait avec moi en 1963 au chantier d'Arue) et Osmani (légionnaire que j'ai retrouvé en 1970 en Nouvelle-Calédonie) et quelques copines. Sur la photo ci-dessous, de gauche à droite, la tante qui surveille ses nièces, (cachée par la tante) celle qui mettra le grappin sur moi quelques jours plus tard et pour toujours, ma pomme, Osmani, une cousine, une autre cousine, José.)
Le 29/05/1965
"... Bien sur, je ne regrette pas mon rengagement et ça serait à refaire, je referai pareil. D'ailleurs quelle différence y a-t-il entre l'armée et le civil ; moi, je passe dix heures au camp, mes copains passent huit heures, mais après ils vont faire le marché, la cuisine, etc... finalement, c'est moi qui ait le plus de temps de libre. Quand aux petits ennuis de service, je n'y attache aucune importance, il y a tellement de choses au dessus de ça. L'armée me sert à survivre (boire, manger, dormir) mais la tête est ailleurs. Physiquement, je suis entièrement militaire, mais moralement je suis toujours antimilitariste.... En ce moment, j'ai une jolie vahiné qui ne dit rien quand j'écoute mes disques de blues. Elle travaille le matin et l'après-midi, elle fait le ménage et la cuisine. Mais, bien entendu, ça ne durera pas longtemps (erreur profonde, 47 ans après ça dure toujours !)... Elle est très gentille mais elle a le défaut de ses compagnes : quand on va danser, pas moyen de rentrer avant la fermeture, c'est un coup de 3 heures du matin. Heureusement, elle ne boit pas une goutte d'alcool..."
Le
14/06/1965
"... Au sujet "d'être gentil avec les vahinés", pour mon malheur, je suis justement trop gentil et ça pose parfois des problèmes quand les vahinés de mes amis veulent sortir avec moi (tiens donc ?)..."
Le 26/06/1965
"... Cinq jours de pluies m'ont aussi handicapé pour mes affaires, sans compter la vahiné sur le dos à longueur de journée (sur le dos !!! je pense que ma mère aura compris :-) )
Le 17/07/1965
"... En ce moment tout va très bien, le moral est au maximum, la santé est bonne, le travail intéressant, les copains sympathiques et la vahiné très gentille (elle craint la concurrence car la ville est envahie par des quantités de danseuses qui viennent des districts de Tahiti et de toutes les autres îles)..."
Le 01/08/1965
"... Bien sur, ici c'est toujours du camping, pas de cuisinière, de machine à laver, de frigidaire, de télévision,... mais il en faut si peu pour vivre et puis avec la "sieste" (hum !) une bonne partie de la journée, il reste peu de temps pour se servir de ces appareils..."
Le
08/08/1965
"... A propos de ma prime d'éloignement, le ministère des armées m'a écrit, il a décidé de me reprendre ce que j'ai touché en trop la dernière fois, ce qui fait que je ne toucherai pas la 1ère fraction cette fois-ci. Je ne leur en veux pas, il faut bien qu'ils rattrapent les milliards gaspillés ici. J'ai justement la loi programme pour 65/70 sous les yeux, je te recopie quelques chiffres :
- Armes nucléaires.................... 16 milliards
- Expérimentations................... 3,4 milliards
- Mirage IV............................... 3 milliards
- Sous-marin ........................ 1,6 milliards
- Engins et fusées..................... 2,2 milliards
- Chars ..................................... 2 milliards
- Véhicules, avions .................. 6 milliards
- Matériels marine.................... 4 milliards
Le tout en NF bien sur et sans compter les dépenses militaires courantes..."
(Je commence à savoir qu'il est question de base nucléaire)
Le 17/08/1965
"... Si tu as des ennuis financiers, vends les vignes car pour moi ça ne m'intéresse pas. Je n'ai pas de raison pour profiter du travail de mes prédécesseurs, nous devons partir à 0, voilà la base de la société..."
Le 22/08/1965
"... Ces serviettes (genre celle que je t'ai laissée) sont importées pour les foyers de l'armée. Dans ta prochaine lettre, dis-moi si tu veux, malgré tout, ces serviettes qui sont importées ou des pièces de tissus "pareo" dont il existe une infinité de modèles..."
Je parle à ma mère de mon intention éventuelle de prendre un emploi civil à Tahiti mais après un congé en France.
à suivre, mais plus tard ....