LE SERVICE MILITAIRE (4)
(code recherche : SOUMIL)
Le décor est planté, pendant les 4 mois suivants tout se passera entre Papeete et Arue, avec 4 ou 5 tours le l'île et quelques balades dans les collines environnantes. Je vais essayer de m'en tenir aux anecdotes.
IV - Travail et... bringues
Vers le 15 août, les fêtes du Tiurai sont terminées, les paillotes sont démontées. Nous sommes un peu déçus. Mais nous allons nous rattraper avec les boites et dancings permanents, à commencer par le Quinn's à Papeete et, après sa fermeture à 23 heures, le La Fayette qui ferme à 3 heures du matin.
Pochette du disque 33 tours
Camionnette truck (photo Alain Giot)
Le Quinn's, une réputation qui dépasse largement les frontières de la Polynésie ; la bière Hinano y coule à flot, les habituées (quinsseuses) ont une bonne descente, même les légionnaires allemands sont les premiers à rouler sous la table.... (Je vous recommande le "Mémorial polynésien, vol. 6", page 338 à 345, l'histoire du Quinn's).
Photo de 1965 avec ma vespa au premier plan à gauche
A la fermeture du
Quinn's à 23 heures, des camionnettes, genre truck, chargent les clients qui souhaitent continuer leur nuit au La Fayette situé à Arue. Pour une modique somme (?), nous avons droit à l'aller et
au retour. Nos retours sur le camp se feront généralement à pied, sauf quand la patronne du La Fayette nous amène dans sa 2CV ou que l'un d'entre nous ait rencontré l'âme sœur et termine sa nuit
sur la plage du La Fayette .
L'une des rares photos du La Fayette (source inconnue)
Passée cette période d'euphorie, nous allons être plus sérieux : repas du soir au petit restaurant chinois cité dans l'épisode précédent ; ensuite attablés au bar Vaima pour faire du charme aux serveuses ; enfin, à la fermeture à 23 heures et avec quelques amies parmi le personnel feminin, le dancing (Tropiques, Hôtel Tahiti, Matavai,...) ou, plus intime, la boite de nuit "Whisky à gogo". Ma première amie s'appelle Fifi, elle est serveuse au Vaima et apprécie les soirées au "Whisky à gogo", mais cela ne durera pas car j'ai rapidement l'impression que son tane n'apprécie pas (lors d'un rendez-vous, un dimanche après-midi au Pu'o'oro Plage, en face du camp, la vue du tane à ses côtés m'a incité à retourner au camp). Dommage, je l'aimais bien... mais nous n'avions pas franchi le pas ! ♥
Le restaurant-bar Vaima ( source inconnue)
Mon "célibat" ne durera pas longtemps, j'aurai l'occasion de revenir sur ce sujet.
Mais, un peu plus sérieux, voyons le courrier à ma mère...
Mes lettres :
"Papeete, le 20 août 1963
Chère maman,
............... mais ce soir, je ne sors pas et je suis trop fatigué de la veille pour écrire. J'espère aller travailler sur une île déserte pour me reposer.... en plus toutes ces soirées reviennent "cher".
............
Papeete, le 29 août 1963
.............. Ce matin, j'ai reçu un avis de crédit de la banque de l'Indochine, ma solde d'août : 18.700 francs soit 104.000 francs français. Je vais pouvoir faire des économies.... ici, on ne s'ennuie jamais, ce n'est même pas la peine de se mettre en civil, au contraire.
Dimanche, je suis allé me balader en vespa autour de l'île. Je compte avoir bientôt quelques photos que je pourrai t'envoyer.
..............
Papeete, le 5 septembre 1963
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Une partie du chantier va bientôt être finie et nous allons pouvoir nous installer dans des chalets préfabriqués (baraques Fillod) que l'on vient de construire. Pour ma part, je préfère coucher sous la tente, il y fait plus frais à l'ombre des arbres que dans les baraques en tôle.
Pour les histoires du paiement de la nourriture, la question est réglée car depuis le 1er septembre nous sommes passés sous le régime "marine", nous ne payons plus la nourriture. Les caporaux-chefs sont autorisés à revêtir la tenue civile (aucun intérêt ici, nous avons plus la côte en militaire qu'en civil).
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Lundi, une trentaine de légionnaires et un sapeur-grutier sont partis sur l'île de Mururoa (déserte) pour 3 mois (1) ; ils vont commencer à préparer le terrain pour la base. Pour le moment, il n'est pas question que je parte, surtout tant que j'aurai mon travail sur le chantier en cours.
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Ma chambre et mon lieu de travail en 1963
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En effet, mon célibat ne dura pas longtemps et je retrouvais une nouvelle amie très sympathique, sa famille me recevait cordialement et tenait à prendre quelques photos avec ma tenue militaire. Toutefois, cette relation ne durera qu'une quinzaine de jour. Je commençais à me poser des questions ; en fait, j'étais un grand timide et je n'avais pas encore compris la simplicité et le naturel des vahine au caractère totalement différent des copines que j'avais connues en France. Pour comprendre cela, je vous recommande la lecture d'un article paru sur la revue Tahiti Pacifique d'octobre 2009, n° 222 « Embrasse pas sur la bouche pe’i, c'est sale ! » par Robert (Bobby) DUBOIS.
(Photo Émile Lenglet)
Une anecdote : Lors de mon premier tour de l'île avec une vespa louée chez "Robert" et toujours accompagné d'un collègue, je commençais à m'inquiéter car le niveau d'essence baissait et je ne voyais aucune station. Je m'arrête à un magasin chinois, je demande s'il a de l'essence... "écens ?? non, ya pas". Même question au deuxième magasin que je rencontre et même réponse du vendeur. Enfin, au troisième magasin à Tiarei, pk 26, après réflexion, je demande de la gazoline... "oui, oui, combien tu veux ?"
(1) Nous ne savons toujours pas ce que nous allons faire à Moruroa.
à suivre....