LES LOUPS, LES MOUTONS ET LES RATS
Un correspondant m’a posé une question concernant les élus :
Lui - Où est le panache qui quelque part sous entend le remerciement d'avoir été mis à ce poste, l'honnêteté et l'envie de bien faire?
Moi - Le panache, l'honnêteté, l'envie de bien faire ? Je crois qu'il y a trois sortes d'individus : les loups, les moutons et les rats...
- Chez les moutons, il y a le bélier. Quand le bélier saute dans le vide, les moutons suivent.
- Chez les loups, il y a un chef de bande. Si celui-ci saute dans le vide, la bande de loups le remplacera illico...
- Chez les rats, pas de chef : Ils mangent, tant qu'ils peuvent, dans la gamelle des loups, ils ne laissent que quelques miettes et l'herbe pour les moutons. Mais ils ne sont pas très dangereux : quand ils ont le pouvoir, ils font des dégâts, vomissent sur les loups qui les ont nourris, mais comme ils se bouffent entre eux, ils perdent vite ce pouvoir.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------
Un peu de littérature pour nous changer les idées....
Les loups et les brebis, J.J. Granville
Les Loups et les Brebis
Après mille ans et plus de guerre déclarée,
Les Loups firent la paix avecque les Brebis.
C'était apparemment le bien des deux partis ;
Car si les Loups mangeaient mainte bête égarée,
Les Bergers de leur peau se faisaient maints habits.
Jamais de liberté, ni pour les pâturages,
Ni d'autre part pour les carnages :
Ils ne pouvaient jouir qu'en tremblant de leurs biens.
La paix se conclut donc : on donne des otages ;
Les Loups, leurs Louveteaux ; et les Brebis, leurs Chiens.
L'échange en étant fait aux formes ordinaires
Et réglé par des Commissaires,
Au bout de quelque temps que Messieurs les Louvats
Se virent Loups parfaits et friands de tuerie,
lls vous prennent le temps que dans la Bergerie
Messieurs les Bergers n'étaient pas,
Etranglent la moitié des Agneaux les plus gras,
Les emportent aux dents, dans les bois se retirent.
Ils avaient averti leurs gens secrètement.
Les Chiens, qui, sur leur foi, reposaient sûrement,
Furent étranglés en dormant :
Cela fut sitôt fait qu'à peine ils le sentirent.
Tout fut mis en morceaux ; un seul n'en échappa.
Nous pouvons conclure de là
Qu'il faut faire aux méchants guerre continuelle.
La paix est fort bonne de soi,
J'en conviens ; mais de quoi sert-elle
Avec des ennemis sans foi ?
JEAN DE LA FONTAINE
----------------------------------------------------------------------------------------------------------
JEAN LE FOU (extrait)
…………….
Au milieu des champs et des prairies de Dieu, à côté des collines recouvertes d'herbe verte et de belles fleurs, le fantôme de Jean, seul et agité, regarde les bœufs qui paissent paisiblement, sans être dérangés par les tourments humains. Les yeux pleins de larmes, il regarde les villages essaimés sur les deux flancs de la vallée et répète en poussant de profonds soupirs : « Vous êtes nombreux et je suis seul. Les loups ont attaqué l'agneau dans les ténèbres de la nuit, mais les taches de sang resteront sur les pierres dans la vallée jusqu'à ce que l'aube vienne et que le soleil révèle le crime à tout le monde. »
KHALIL GIBRAN - 1906
Autres textes de Khalil Gibran >>> KHALIL GIBRAN