POURQUOI JE PIRATE ?
[Culture] Pourquoi je pirate ?
Le partage n'est pas un crime - Parti Pirate
Un site web participatif, pourquoijepirate.fr (1), vient de voir
le jour. Ce site recense les «confessions» de centaines d'internautes partageant des produits culturels en ligne.
Pourquoi piratez-vous, pourquoi piratons-nous ? Deux jours à peine après son ouverture, le site regorge de témoignages sincères de citoyens qui revendiquent leurs activités de partage comme autant de façons positives de découvrir de nouveaux artistes.
«Parce qu'en téléchargeant des centaines d'albums, j'ai découvert des centaines d'artistes dont je n'avais jamais entendu parler à la radio ou à la TV. World, celtic, metal, rap... J'ai acheté plus de 200 albums en moins de 3 ans, la plupart sur le web (Amazon, NuclearBlast, RecordShopX, etc.). Maintenant j'attends de l'offre légale des albums à télécharger en FLAC, avec les jaquettes et les livrets, car le CD est en fin de vie, prend trop de place et est moins écologique.» (2)
«Pour découvrir ce qui méritera d'être acheté.»(3)
Parmi les raisons annoncées, on retrouve régulièrement des arguments que nous avons souvent mis en avant : manque d'interopérabilité, faiblesse de l'offre légale, ou encore ras-le-bol des amateurs de culture d'être considérés comme de vulgaires «consommateurs».
Loin des poncifs ressassés par la classe dirigeante et les industries du divertissement, les «pirates» ne se présentent pas comme des voleurs mais comme des acteurs de la diffusion de la culture, comme des amateurs de culture autant sinon plus que les autres.
«Je ne pirate pas, je partage. Parce que depuis 40 ans, l'industrie de l'audiovisuel hurle à la mort sous les coups de la VHS, du graveur de DVD, du partage de fichiers… Je ne suis pas un voleur. J'aime pas les menteurs.»(4)
Parmi les témoignages, beaucoup indiquent que le partage de musique et de films est essentiellement un moyen de découvrir de nouveaux artistes et d'élargir sa culture, ce qui se traduit ensuite par l'achat de disques ou de films appréciés, ou de places de concerts, de goodies… C'est réellement la révolution culturelle apportée par Internet qui ressort, montrant à quel point les industries du droit d'auteur ont été incapables de s'adapter à leur temps, cherchant à préserver à tout prix leurs privilèges et leur fonctionnement. La colère contre les DRM (5) (mesures techniques de protection, bridant la lecture et la copie d'un fichier) y est quasi-omniprésente, ainsi que la taxe pour la copie privée, vécue par beaucoup comme du racket alors que ce droit est bafoué par lesdits DRM.
«Parce que j'ai déjà payé la musique et les films que je pirate via la taxe sur les supports numériques quand j'ai acheté mes disques dur de sauvegarde et mon baladeur mp3.» (6)
De ces témoignages passionnants se dégage un profond malaise des citoyens face à un système devenu aveugle et obsolète.
D'un côté, les sociétés qui vivent en phagocytan0t (7)la distribution de l'art et de la culture et cherchent à maintenir un contrôle qui leur échappe, quitte à s'essuyer les pieds sans le moindre remord sur les libertés fondamentales des citoyens (comme nous l'avons vu à plusieurs reprises avec la loi HADOPI (8)
ou la censure du web introduite par LOPPSI (9), qui ont pour but de couper ou de restreindre l'accès à Internet pour sauvegarder leurs profits, profits qui pourtant se portent au mieux (10)(11)(12), rechignent à distribuer (légalement et parfois plus chers que leurs équivalents sur support physique) une partie de leurs catalogues sur des plateformes fermées, interdisent d'acheter certains morceaux selon le pays, les saturent de pseudo-protections qui nuisent plus à l'acheteur qu'au «pirate» (13), et font des procès surréalistes à leurs propres «clients» (14).
De l'autre côté, les «pirates» dans leur ensemble, qui sont les mêmes personnes qui n'hésitent pas à dépenser leur argent pour les artistes (15), qui vont régulièrement au cinéma (et sans sabre dans la bouche !), qui vont aux concerts…
Ces citoyens se revendiquent passionnés par la culture, et font ce que l'humanité a toujours fait : ils partagent, pas seulement des fichiers, mais surtout leurs découvertes, leurs passions. Et souvent, ils affirment ce que de nombreuses études (16)ont déjà mis en avant : ils voudront payer pour les artistes qui leur ont plu. L'industrie du disque criminalise ses propres clients, et parmi ses meilleurs.
«Parce que j'ai un meilleur confort de jeu en piratant le jeu que j'ai acheté légalement, mais qui est pourri par des protections inutiles. Pourquoi continuer à acheter, si la qualité de ce que j'achète est moindre que celle de ce que je pirate ?» (17)
Pour le gouvernement et les majors, nous sommes
des pirates, qui que nous soyons, et la loi sanctionne ce que certains surnomment le «piratage» de 3 ans de prison et 300'000€ d'amende (18) C'est pour corriger cette vision inacceptable de la culture que le Parti
Pirate existe. Parce que le pouvoir financier des lobbys ne devrait pas remplacer la démocratie, et que le gouvernement et les députés devraient cesser de sponsoriser – au nom des français et au
détriment de l'État de droit – les intermédiaires qui asphyxient la distribution de productions culturelles.
Vous qui lisez cet article, vous seriez probablement qualifiés de pirate par cette industrie vieillissante. Pourquoi piratez-vous ?
[1] http://www.pourquoijepirate.fr/
[2] http://pourquoijepirate.fr/index.php?id=115
[3] http://pourquoijepirate.fr/index.php?id=757
[4] http://pourquoijepirate.fr/index.php?id=16
[5] http://partipirate.org/blog/com.php?id=1387
[6] http://pourquoijepirate.fr/index.php?id=866
[7] Rappelons par exemple que, d'après le rapport de la Cour des comptes de l'an dernier, à la SACEM «la moyenne des 5 principales rémunérations brutes [était]
exactement de 363 908 euros pour 2008» pour une société dont le rôle principal est la perception de diverses taxes ou redevances et leur redistribution aux ayants-droits : http://www.pcinpact.com/actu/news/56327-hadopi-crise-cour-compte-controle.htm
[8] http://www.partipirate.org/blog/com.php?id=1323
[9] http://www.partipirate.org/blog/com.php?id=1375
[10] La fréquentation des salles de cinéma est en hausse sur les dernières années : http://www.numerama.com/magazine/18822-le-cnc-confirme-la-frequentation-record-des-salles-de-cinema-pour-2010.html
[11] Les plus grosses maisons d'éditions se plaignent de leur chiffre d'affaire qui baisse, mais cela n'empêche pas leurs bénéfices de continuer à augmenter,
l'essentiel des coûts matériels justifiant leur existence (liés aux supports physiques) étant supprimés : http://www.numerama.com/magazine/10546-universal-music-annonce-des-resultats-en-hausse.html
[12] Les résultats de la SACEM ne baissent pas, alors même que de plus en plus d'artistes refusent d'y adhérer : http://www.sacem.fr/cms/home/la-sacem/derniers-communques_2/bilan-sacem-2009
[13] http://www.numerama.com/magazine/18924-le-retrait-d-un-drm-ameliore-le-framerate-d-un-jeu-video.html
[14] http://www.partipirate.org/blog/com.php?id=1327
[15] http://www.laquadrature.net/wiki/Documents#Les_.22pirates.22_sont_ceux_qui_ach.C3.A8tent_le_plus_de_produits_culturels
[16] http://www.laquadrature.net/wiki/Documents#Effets_.C3.A9conomiques_du_piratage
[17] http://pourquoijepirate.fr/index.php?id=738
[18] http://ppfr.it/2yp
le 4 juin 2011
Les citations du site http://pourquoijepirate.fr appartiennent à leurs auteurs respectifs, anonymes, et sont distribués sous licence CC-BY-SA.
L'image d'illustration de cet article est une des affiches du Parti Pirate.