RÉINSCRIPTION & DÉCOLONISATION
La réinscription de la Polynésie sur la liste des pays à décoloniser, selon Opahi Buillard :
RÉINSCRIPTION
« Tous ici nous nous considérons comme des pays du Pacifique et comme membre de la famille du Pacifique ». Ces paroles prononcées par le premier ministre néo-zélandais John Key surprennent lorsque l’on connait son opposition à soutenir la démarche de réinscription de la Polynésie Française sur la liste des pays à décoloniser. Faut-il comprendre qu’à ses yeux la France fait également partie du Pacifique ? Nul besoin d’être un expert en géopolitique pour s’apercevoir que la présence française dans le Pacifique est un défi à l’histoire et à la géographie. Il suffit de jeter un œil à la mappemonde. Le premier ministre néo-zélandais ne l’ignore pas.
Mais pour la deuxième puissance du Pacifique sud, les enjeux sont autres. Les récents accords de coopérations économiques signés avec la France y sont certainement pour quelques choses. Il en est de même pour l’Australie. Il sera donc intéressant de connaitre l’issue finale du combat diplomatique auquel se livrent Alain Juppé et Oscar Temaru.
L’enjeu pour les deux grands frères du Pacifique est double. En réussissant à bloquer la demande d’Oscar Temaru, ils s’affirment en véritable leaders des nations du Pacifique et confortent leur position sur l’échiquier mondial. A l’image du tandem France et Allemagne en Europe. Mais voulons-nous d’un Pacifique à l’image de l’Europe ?
Dans le cas contraire, en soutenant la résolution d’Oscar Temaru, les petites nations du Pacifique enverraient un tout autre message au monde, en démontrant qu’au-delà des intérêts économiques et des enjeux financiers, le droit des peuples à exister dans le concert des nations est bien plus important.
Les autonomistes bornés continueront à marteler qu’avec l’indépendance notre pays courre à sa perte. Ce serait oublier où méconnaitre que l’inscription sur la liste des pays à décoloniser permettra entre autre au comité des 24, comme le dit Harold Martin, Président autonomiste du gouvernement calédonien, « de vérifier qu’il n’y aura pas de baisse de niveau de vie lors d’une éventuelle accession à l’indépendance ».
Opahi BUILLARD
La Nouvelle-Zélande a, en effet, une vision européenne du Pacifique sud. Je rappelle quelques extraits de wikipedia :
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La population est majoritairement d'origine européenne, tandis que les Maoris forment la minorité la plus nombreuse. Les peuples non-maoris d'origine polynésienne, ainsi que les Asiatiques, représentent également d'importantes minorités, particulièrement dans les régions urbaines.
Ancienne colonie britannique rattachée à la Nouvelle-Galles-du-Sud jusqu'en 1840, dominion en 1907, puis complètement indépendante depuis 1947, elle maintient de forts liens avec le Royaume-Uni, ainsi qu'avec l'Australie (pays anglo-saxon le plus proche et partageant une partie de son histoire).
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle-Z%C3%A9lande
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Papeete le mercredi 7 septembre 2011
Avant l’indépendance, la décolonisation
Des similis sondages sont régulièrement proposés aux lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs pour qu’ils s’expriment sur les propositions du président Oscar Temaru devant mener un jour à un référendum d’autodétermination sur l’indépendance. Régulièrement, les réponses sont très majoritairement défavorables. Faut-il en conclure que le président de l’UPLD devrait mettre ses rêves en veilleuse ? Bien sûr que non.
Non pour de nombreuses bonnes raisons dont la première est que ce projet est lucide, porteur d’avenir et juste. Mais restons sur ces questions posées à l’opinion publique. Un vrai sondage s’opère sur un échantillon de groupes représentatifs de la société polynésienne. Ici, rien de tel, tout le monde peut s’exprimer et répondre à la question de la semaine. Malheureusement, les questions ne portent pas sur l’actualité mais sur l’exploitation d’un fantasme.
Êtes-vous favorable à l’indépendance ? Posée d’une manière aussi abrupte, la réponse ne peut être que négative. Certains commentent et réclament même un référendum immédiatement « pour régler le problème une fois pour toutes ». Or, il n’est pas question d‘indépendance aujourd’hui. M. Temaru s’est exprimé on ne peut plus clairement : mettre fin à 170 ans de colonisation. C’est là que réside le point contestable de ces sondages : ils sortent du contexte. La vraie question aujourd’hui qui est portée au Forum puis bientôt à l’ONU, est : voulons nous mettre fin à la colonisation ?
La décolonisation est le point incontournable par lequel notre pays doit passer avant que se pose la question de son indépendance. La colonisation se traduit d’abord par un pillage des ressources du colonisé puis peu à peu par un plan de développement toujours au service des intérêts des colons. La décolonisation est un plan de développement voulu par les Polynésiens, pour les Polynésiens, en concertation avec la France, sous l’arbitrage de l’ONU. Pas plus, pas moins.
Voyons l’exemple calédonien. Dans ce pays, la société était bloquée. Les Kanaks n’étaient pas respectés. La situation évoluait vers un conflit à caractère racial, avec des morts. C’était cela, la Nouvelle Calédonie. Les accords de Matignon puis de Nouméa ont tout changé et les autonomistes comme les indépendantistes s’en félicitent.
C’est cela que souhaitent l’UPLD et le président Temaru. Le référendum sur l’autodétermination aura lieu lorsque la population sera prête à répondre aux challenges d‘un peuple souverain, et pourquoi pas, au côté du peuple français avec lequel nous partageons notre Histoire moderne, s’il le veut bien.
Pour ceux qui refusent d’admettre la réalité moderne de la colonisation. Les essais nucléaires étaient un acte colonial, la non reconnaissance de leurs multiples conséquences néfastes aussi, l’installation d’entreprises françaises géantes sur des pans entiers de notre économie voulue par les autonomistes, c’est la poursuite de la colonisation…
Car : 2947