TORTUES : IL Y A URGENCE (2)
La tortue doit être le symbole de notre devenir….
J’ai reçu un commentaire de notre ami Paumotu que je publie ci-dessous.
Voilà enfin un commentaire intéressant, argumenté et constructif.
Je pense que vous avez compris que c'est cela que je recherche et non les commentaires de quelques snobs ou "tendance" qui sont souvent les premiers pollueurs.
Iaorana Taram,
La polémique sur la protection de la tortue étalée sur la place publique ne traite pas du problème de fond : savoir la gestion durable de nos ressources naturelles.
La protection de la Tortue est un exemple parmi tant d'autres. Voilà une ressource naturelle exploitée "raisonnablement" jusqu'au début des années 1970...au cours desquelles on a vu le nombre de sites de ponte se réduire inexorablement dans les archipels...
Nombreux sont les anciens (nos propres parents et grands parents) qui nous racontent des histoires de pontes de tortues sur les plages autour de Tahiti, de Moorea et dans tous les archipels.
Aujourd'hui, elles ont déserté nos plages devenues inaccessibles parce qu'elles sont encombrées de pontons ou dénaturées par des remblais...ou tout simplement parce qu'elles ont été capturées avant d'avoir eu le temps de se reproduire...là où les sites naturels de pontes sont encore intacts !
Ce ne sont que quelques tortues diront certains, ou quelques oiseaux ou espèces endémiques rares et uniques...
Le débat doit porter sur notre capacité à mettre en pratique nos décisions. Nous avons décidé de protéger l'espèce parce qu'elle est en réel danger de disparition chez nous, dans la région et à l'échelle mondiale. Nous mettons en place une réglementation que nous n'appliquons pas ! Le problème est là.
On peut citer d'autres exemples de réglementation concernant la gestion de notre patrimoine naturel, historique, culturel.
Que dire des manquements aux règles en matière d'urbanisme ? Des projets qui saccagent notre milieu naturel, sacrifié au nom du développement et pour réaliser des profits maximum.
La viande de Tortue a le malheur d'avoir une forte valeur marchande, pourtant nous ne manquons pas de source de protéines chez nous. Alors, ceux qui plaident encore pour un retour à la pêche à la tortue acceptent l'évidence, l'espèce va disparaître si nous continuons à les capturer et à les consommer.
Dans quelques années nos enfants ne les verront évoluer qu'au cinéma en 3D !
Protégeons-la ainsi que d'autres espèces menacées de disparition.
La tortue n'a de la valeur que si elle reste en vie et continue à évoluer librement dans le lagon et autour de nos îles, pour le plaisir de tous, résidents ou touristes.
A Hawaii, on peut rencontrer des tortues sur les spots de surf et même dans les vagues de Waikiki Beach !
Commentaire reçu à l’instant de Teremuura RURUA, internaute
Ia ora na Paumotu,
Je suis tout à fait d'accord sur les observations que tu nous fais, Paumotu, sauf qu'il ne faut pas oublier que la protection d'une espèce n'a de sens que si l'homme est au centre de cette préoccupation. Je ne pense pas que c'est uniquement la chasse et la consommation de la tortue en Polynésie qui est à l'origine de la raréfaction de cette espèce. Tu l'as d'ailleurs dit. Pollution des lagons, incapacité à mettre en pratique nos décisions, incapacité à proposer une vision à long terme, incapacité à discuter sur le fond du problème...
Si les pêcheurs et la population en général (pas tous, heureusement) ne se sentent pas vraiment concerné par ce problème, il faut peut-être se demander s'il y a eu des discussions avec eux, si les décisions qui ont été prises ne leur ont pas été imposées sans qu'aucune communication n'ait été faite...
Ne pourrions-nous pas proposer que l'on mette en place chez nous une Commission sur la tortue à l'image de la Commission baleinière internationale ? Avec des scientifiques, des pêcheurs, les services concernés du pays...?
On parlait il y a quelques temps du projet de création du Conservatoire polynésien des espaces gérés... Qu'en est-il aujourd’hui ? Au lieu d'approfondir ce sujet, le gouvernement actuel "saute" sur une petite solution de colmatage pour protéger la tortue et rejette l'idée de mettre en place un vrai débat de fond sur nos ressources.
En tous les cas, que l'on ouvre ou pas la chasse à la tortue, ce débat de fond sur la gestion de nos ressources est essentiel.