Vœux au Président français
Sarkozy, le visage d’un Etat sans scrupules
Le Président de la République est décidément au sommet de son art démagogue à chaque fois qu'il tente de sortir de son carcan intellectuel hexagonal.
Ainsi, il met au futur conditionnel une absence de scrupules qui est pourtant, depuis 200 ans la marque de fabrique de la France en Outre-mer, et plus particulièrement dans notre Pays.
« Aucun scrupule » à annexer ce Pays par la ruse et les armes à feu.
«Aucun scrupule » à monter de toutes pièces la condamnation et l'exil de Pouvana'a a O'opa pour laisser le champ libre à l'atome.
«Aucun scrupule » à imposer au Peuple Polynésien 30 ans d'essais nucléaires, bouleversant au passage tous ses équilibres économiques, sociaux et culturels.
« Aucun scrupule » à mentir à ce Peuple sur la prétendue innocuité de ces mêmes essais nucléaires.
« Aucun scrupule » à avoir laissé dériver l'Autonomie, fermant les yeux sur toutes les dérives, jusqu'à ce que le Peuple, de lui-même, le 23 mai 2004 dise « STOP ».
« Aucun scrupule » à fermer les robinets, et tracer des lignes rouges devant la liberté d'un Peuple qu'il s'est pourtant engagé devant l'ONU, à accompagner vers son Destin.
« Aucun scrupule » à bafouer la quasi unanimité de la représentation locale en imposant la « Loi Estrosi » qui a déjà démontré l'autisme Jacobin de l'Etat.
« Aucun scrupule » à jeter les fonctionnaires Polynésiens avec l'eau du bain de l'ITR.
« Aucun scrupule » à parler de développement endogène tout en nous imposant progressivement toutes tes multinationales de l'Hexagone.
Alors, si une presse autrefois moins apeurée a des complexes à parler de scrupules, nous adressons au chef de l'Etat français nos vœux sans complexes ni scrupules pour 2011 : Que l'Etat cesse d'entretenir la pagaille chez nous !
Pour le groupe UPLD, JACQUI DROLLET
Papeete, le lundi 10 janvier 2011
Vœux indépendantistes au Président de la République
Encore une fois, l’Etat se désengage de ses turpitudes et rend les Polynésiens seuls responsables de l’instabilité politique, source du décrochage économique et social de notre pays. Au risque de nous répéter, il convient de rétablir quelques réalités que l’Etat refuse obstinément de reconnaître, donner notre vision du futur et de nos relations avec la République.
Alors qu’il tire un bilan de résultats électoraux, le président du Tahoeraa met l’accent sur la progression continue du Tavini Huiraatira, pourtant dépourvu des importants moyens du gouvernement. Il interpelle ses responsables et les compare à des crabes en période de mue, lorsque leur carapace devient molle : « paapaa maruhi ». En 1996, après la reprise des essais nucléaires, contrairement à ce qui était pronostiqué suite au désastre de l’aéroport et des incendies en ville, le parti indépendantiste accélère sa progression.
La riposte se prépare avec un nouveau mode de scrutin destiné à bloquer l’opposition souverainiste : c’est la réforme du statut du 27 février 2004. Les petits partis autonomistes seraient éliminés et le Tavini Huiraatira rendu inaudible. Le leader indépendantiste Oscar riposte en appelant au rassemblement de l’opposition autonomiste et indépendantiste au sein de l’Union Pour La Démocratie. A la surprise générale, le 23 mai 2004 l’UPLD défait le Tahoeraa aux Iles Du Vent mais n’obtient pas la majorité. Les 2 leaders de No Oe Te Nunaa et du Fetia Api permettent à l’opposition de gouverner avec une très faible majorité.
A peine 3 jours après la publication des résultats, la ministre de l’outre mer avertit : « les élections ne sont pas terminées » ! Aucun recours en annulation n’avait été déposé. Une semaine plus tard, elle enfonce le clou : « si un indépendantiste devient président, les robinets seront fermés » ! Ce sont les « robinets » du social qui ont été fermés. Soudain, les Polynésiens n’étaient plus des Français à part entière.
Localement, les messages de Paris ont été bien compris et l’ancienne majorité autonomiste, avec l’aide de syndicats, a tout fait pour renverser l’UPLD. Blocages de la ville, blocages de Fare Ute, déviance de certains chefs de services qui refusent de respecter le nouveau gouvernement, déviance du GIP, les dégâts ne font que commencer.
En 2007, un nouveau ministre de l’outre mer, le 4ème depuis 2004, refuse de reconnaître la majorité de 44 élus formée par le Tahoeraa et l’UPLD. Il impose un nouveau mode de scrutin qui ne permet pas d’obtenir de majorité, avec l’assentiment du chouchou-toutou de Paris.
Ajoutons brièvement les dérives autonomistes et les silences de la justice, ou encore les multinationales hexagonales qui vampirisent notre économie au détriment des initiatives locales, voilà les vraies racines de la « vaste comédie » Monsieur le Président de la République et vous en êtes parfaitement informé.
Il faut que cela cesse. Le colonialisme appartient au passé. Son dernier avatar, les essais nucléaires, laisse de profondes inquiétudes sanitaires, environnementales, sociales et économiques. Mais voilà qu’on nous promet de nouvelles expériences électorales. Les Polynésiens refusent de servir encore de cobayes !
Inspirez-vous de ce qui se fait en Nouvelle Calédonie. La guerre civile et raciste a été évitée de justesse. A la place nous voyons un pays nouveau en construction, dans la paix et avec l’aide de la République.
Nous voulons continuer d’avancer dans la paix. L’indépendance ne doit pas naître d’un rejet mais d’un devenir. Les Polynésiens ont tout ce qui justifie leur volonté d’être souverains. Nous sommes un peuple, avec sa langue et sa culture, son territoire et son histoire.
Comme en Kanaky, bâtissons notre avenir ensemble et laissez cette empreinte dans la région Pacifique Monsieur le Président, la seule qui vaille pour la France, celle des Droits de l’Homme.
Car : 3896
Notes :
Tahoeraa Huiraatira = Président Gaston Flosse
Tavini Huiraatira = Président Oscar Manutahi Temaru
Union Pour La démocratie (UPLD) = Président O.M. Temaru, président du groupe à l'assemblée Jacqui Drollet
No Oe Te Nunaa = Présidente Nicole Bouteau (allié à François Bayrou)
Fetia Api = Président Philippe Schylle (allié Hervé Morin)
GIP = Groupe d'intervention de Polynésie, dissous en 2004
Kanaky = Nouvelle-Calédonie