L’HISTOIRE insolite & cachée

Publié le par N.L. Taram

Le Chevalier de La Barre

Le 1er juillet 1766, à Abbeville, un jeune homme de 19 ans, le Chevalier de La Barre, était décapité pour avoir manqué de respect envers la religion. An application de la loi, la justice l’avait condamné à avoir les os broyé jusqu’à ce qu’il avoue son crime, la langue arrachée, la tête coupée, le cadavre brûlé et ses cendres jetées au vent.

Les trois principaux "attendus" du jugement disaient qu’il avait été "atteint et convaincu d’avoir passé à vingt-cinq pas d’une procession sans ôter son chapeau qu’il avait sur sa tête, sans se mettre à genoux, d’avoir chanté une chanson impie, d’avoir rendu le respect à des livres infâmes au nombre desquels se trouvait le dictionnaire philosophique du sieur Voltaire".

Avant même son exécution, La Barre avait trouvé son premier défenseur en la personne de Voltaire dénonçant ce crime de la "barbarie sacerdotale.

Après la Révolution, la Convention Nationale du 25 brumaire An 2, réhabilitait sa mémoire, en tant que "victime de la superstition".

A la fin du 19ème siècle, et, et au début du 20ème siècle, avec le combat pour l’école publique et la laïcité des institutions, qui aboutit en 1905 à la loi de Séparation de l’Église et de l’État, le chevalier de La Barre est devenu le symbole du combat contre le cléricalisme.

  

La statue de la Barre à Montmartre CHEVALIER de la BARRE statue

En 1904, le Conseil Municipal de Paris récupérait 5070 m² de terrain détenus indûment par l’Archevêché, et décidait d’ériger à cet endroit, dans l’axe du grand portail du Sacré Cœur, une statue de La Barre. Cette statue, sculptée par Armand Bloch, et inaugurée le 3 septembre 1905 par 25 000 manifestants, a été enlevée et fondue en 1941.

Le Groupe La Barre demande qu’elle soit refaite, et remise à sa place.

  

La Manifestation La Barre"

En 1902, deux professeurs et deux élèves d’Abbeville décident de faire revivre la mémoire de La Barre, et déposent le 14 juillet un bouquet à l’endroit de son supplice. La Municipalité le fait enlever aussitôt.

En juillet 1903, une cinquantaine de citoyens déposent une gerbe, qui est, elle aussi, ôtée immédiatement.

En 1904, pour la première fois, les organisations ouvrières du Vimeu, musique en tête, s’associent à la Manifestation. Un millier de personnes rendent hommage à la victime de l’intolérance religieuse. Le cadre de la "MANIFESTATION LA BARRE" est désormais fixé.

Pendant une soixantaine d’années, elle sera à la fois un rendez-vous annuel de libres-penseurs, parfois venus de très loin, et la manifestation départementale du mouvement ouvrier organisé et des associations laïques.

Encore en 1963, une vingtaine d’organisations partis ou syndicats, prennent part à la manifestation.

Jusqu’en 1985, malgré le désintérêt progressif de toutes les organisations, la tradition militante de la Manifestation est maintenue.

En 1986, la Libre Pensée décidait de donner de l’importance à la commémoration du 220ème anniversaire du martyre de La Barre, et, grâce à cette impulsion, la Manifestation La Barre a pu redevenir "un rassemblement laïque exemplaire", comme l’a noté en 1991, le Congrès de la Fédération Nationale des Libres Penseurs.

  

Le Monument La Barre

Financé sou par sou par une souscription de 100 000 billets de tombola à 25 centimes, le MONUMENT LA BARRE, fut inauguré le 7 juillet 1907, par 15 000 manifestants, venus à Abbeville par trains entiers.

Sa plaque de bronze, représentant les tortures infligées à La Barre, fut pendant la guerre chargée dans un train pour être fondue. Mais un cheminot la cacha dans un ruisseau, où elle fut récupérée après la guerre.

Le Monument se trouve près de la gare, à côté du pont sur le canal.

Le Monument porte deux inscriptions :

"Monument élevé par le prolétariat à l’Émancipation intégrale de la Pensée humaine"

"En commémoration du Martyre du Chevalier de La Barre supplicié à Abbeville le 1er juillet 1766, à l’âge de 19 ans pour avoir omis de saluer une procession."

  

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Source : Fédération Nationale de la Libre Pensée

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Nicolas Fouquet, surintendant des finances de Louis XIV pendant sa minorité. Le jeune roi, conseillé par Colbert, donne ordre de l'arrêter en 1661.  Sa peine fut commuée par le roi en prison à perpétuité  à Pignerol, place forte royale située dans les Alpes.

 

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L’explosion du donjon de Pignerol…

 

Nicolas Fouquet

Pendant la première année de la captivité de Fouquet à Pignerol, il n`arriva qu'un seul incident remarquable. Au mois de juin 1665, la foudre tomba sur le donjon de la citadelle, où Fouquet était enfermé, et mit le feu aux poudres. L’explosion fut terrible : une partie du donjon fut emportée. La chambre de Fouquet fut détruite ; ses meubles volèrent en éclats et furent brûlés. Lui-même et le valet qui le servait n’échappèrent au danger qu'en se réfugiant dans l'embrasure d'une fenêtre, qui faisait saillie. Cet événement parut miraculeux, et on ne manqua pas de dire à Pignerol et à Paris, que le ciel s'était déclaré contre l’arrêt du roi en sauvant celui qu'il avait proscrit.

 

Extrait de « MEMOIRES SUR NICOLAS FOUQUET » par A.CHERUEL , inspecteur général de l’instruction publique  – 1862 – 567 pages (page 445)

 

https://books.google.com/books?id=AnBQytcmpmQC&pg=PR4&dq=MEMOIRES+SUR+NICOLAS+FOUQUET+tome+deuxieme&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiNyfao-7jOAhUK02MKHaLeBLsQ6AEIJDAB#v=onepage&q=MEMOIRES%20SUR%20NICOLAS%20FOUQUET%20tome%20deuxieme&f=false

 

Fable de Jean de La Fontaine, publiée après sa mort (en 1861)

LE RENARD ET L'ÉCUREUIL

Il ne se faut jamais moquer des misérables,
Car qui peut s'assurer d'être toujours heureux ?
.............Le sage Ésope dans ses fables
.............Nous en donne un exemple ou deux ;
Je ne les cite point, et certaine chronique (1)
.............M'en fournit un plus authentique.
Le Renard se moquait un jour de l'Écureuil
Qu'il voyait assailli d'une forte tempête :
Te voilà, disait-il, près d'entrer au cercueil(2)
Et de ta queue en vain tu te couvres la tête.
Plus tu t'es approché du faîte,
Plus l'orage te trouve en butte à tous ses coups (3).
Tu cherchais les lieux hauts et voisins de la foudre (4) :
Voilà ce qui t'en prend ; moi qui cherche des trous,
Je ris, en attendant que tu sois mis en poudre (5).
........Tandis qu'ainsi le Renard se gabait (6),
.............Il prenait maint pauvre poulet
.......................... Au gobet (7) ;
Lorsque l'ire du Ciel à l'Écureuil pardonne :
.............Il n'éclaire plus, ni ne tonne ;
.........L'orage cesse ; et le beau temps venu
.............Un Chasseur ayant aperçu
Le train de ce Renard autour de sa tanière :
.............Tu paieras, dit-il, mes poulets.
............. Aussitôt nombre de bassets
............. Vous fait déloger le Compère.
............. L'Écureuil l'aperçoit qui fuit
............. Devant la meute qui le suit.
............. Ce plaisir ne lui dure guère,
Car bientôt il le voit aux portes du trépas.
............. Il le voit ; mais il n'en rit pas,
............. Instruit par sa propre misère.



L'Ecureuil (le Fouquet) était l'animal emblématique du surintendant. [...]. Le sens de la fable exprime les espoirs que conservent les partisans de Fouquet, même après sa condamnation, d'une revanche sur Colbert [...]. En juin 1665, la foudre était tombée sur Pignerol, épargnant Fouquet par miracle (allusions vers 19 et 20 ? peut-être...). En 1667 et 1671, la chute de Colbert était évoquée... Cette allégorie a circulé sous le manteau... sans être imprimée, on le comprend ! Elle fut imprimée pour la 1ère fois en 1861...

(d'après La Fontaine, œuvres complètes, Bibliothèque de La Pléiade)

Publié dans Histoire, Littérature

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